Le Québec, la Chine et le charbon
Les québécois sont de gros consommateurs de charbon … Quoi ? Est-ce que je me mélange de pays? Non. Je suis un peu tanné d’entendre qu’on est trop petit au Québec pour s’occuper des questions environnementales et que le vrai problème est en Chine où l’électricité provient surtout du charbon.
Quelques chiffres
- Il y a 1 400 000 000 personnes en Chine par rapport à 40 000 000 au Canada (et 8 000 000 au Québec). C’est bien normal qu’ils émettent plus de GES en chiffres absolus car ils sont 35 fois plus nombreux que les Canadiens (175 fois plus par rapport aux Québécois)
- Cependant, par personne, ils en émettent beaucoup moins que nous. En 2017, c’est 16.9 tonnes par habitant au Canada (environ 10 au Québec) et 7.7 en Chine. Si on se donne le droit d’en émette autant, pourquoi eux n’y auraient-ils pas droit ?
- Mais il y a plus encore : environ 30% de leur émission sont pour des produits exportés. Wow, ça diminue encore leurs émissions réelles par personne (disons à 5,4).
Quand nos maisons, nos vêtements et tout le reste ne seront pas « Made in charbon », on pourra alors peut-être dire que ce sont les autres qui causent le problème.
Qu’est-ce qui est le plus grave : produire des biens à partir du charbon ou acheter des biens produits à partir du charbon? Si personne n’achetait, on ne produirait pas ! On se limite souvent à établir les GES émis sur un territoire alors que c’est la consommation des biens produits qui est le problème. C’est la différence entre émission de GES et empreinte écologique réelle. C’est facile d’avoir l’air bon quand toute la production a été transférée dans d’autres pays.
Les frontières n’existent pas en réalité. Tout est intégré. Raisonner par pays est absurde. Mettre tout le problème sur le dos de la Chine est absurde alors que nos maisons sont remplies de choses « Made in China ».
Dans les années 70, si le sous-sol du Québec avait été rempli de pétrole, M. Bourassa l’aurait exploité comme il a exploité l’hydro-électricité. On est chanceux d’être du bon bord et c’est tant mieux. Mais, à ce moment-là, on n’a pas fait ce choix pour des questions environnementales. On l’a fait parce que c’était la ressource qu’on pouvait exploiter. Mais qu’aurions-nous fait à la place des Albertains ? Probablement la même chose qu’eux et peut-être qu’aujourd’hui, on hésiterait aussi à reculer. Et en passant, la façon dont on a géré le dossier de l’amiante au Québec ne nous permet pas de donner des leçons à qui que ce soit.
Arrêtons de nous flatter la bedaine en se croyant les meilleurs des C moins et passons à des actions concrètes et non pas juste à des mesurettes. C’est un problème mondial et non local et chacun doit faire sa contribution.
Éric Brassard, FCPA, Retraité,
Courriel : [email protected]
Site web : www.ericbrassard.ca
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