Point de non-retour et être politicien en 2022
Pas facile d’être politicien en 2022, et je ne suis pas sarcastique ici. Depuis toujours, ils nous promettent un monde meilleur, plus de croissance économique, plus d’emplois, plus de qualité de vie matériel, etc.
Il ne peut plus en être ainsi maintenant. Au risque de passer pour un enverdeur et de perdre des votes, il faut avoir du courage pour oser dire que les choses ne pourront plus se passer comme avant et qu’il faut faire un pas en arrière pour arrêter le désastre pour mieux avancer ensuite. Cette citation est une de mes préférés :
- Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent!»
Sommes-nous bien conscients du sens des expressions comme : point de non-retour? Ça veut dire qu’on ne peut plus retourner en arrière. Qu’il est peut-être trop tard pour agir. Voici une définition et un texte intéressant https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2022-09-08/depasser-1-5-c-de-rechauffement-pourrait-declencher-des-points-de-non-retour.php
- Un « point de basculement » est « un seuil critique au-delà duquel un système se réorganise, souvent brutalement et/ou de manière irréversible », selon la définition du GIEC de l’ONU. Ce sont des phénomènes qui déclenchent de manière indépendante et inéluctable d’autres conséquences en cascade.
- Un réchauffement de la planète au-delà de 1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, pourrait déclencher plusieurs « points de basculement » climatiques qui engendreraient de catastrophiques réactions en chaîne, selon une étude publiée jeudi dans la revue Science.
Déjà 5 des 9 limites planétaires ont déjà été dépassées. Ce texte du site Bon Pote aborde la question. https://bonpote.com/la-5eme-limite-planetaire-vient-detre-officiellement-franchie-et-tout-le-monde-sen-fout/ (note de décembre 2023 : on est rendu à 6 limites dépassées)
Et comme je l’écrivais dans un texte récent, ce ne sont pas seulement les changements climatiques qui sont concernés. https://ericbrassard.ca/les-changements-climatiques-ne-sont-pas-le-probleme/
Même ceux qui doutent encore qu’on soit proche de ça devrait se questionner et utiliser le principe de prudence et se dire : « Je ne suis pas d’accord mais din coup ils auraient raison !! »
Beaucoup de politiciens ont conservé la même « matrice idéologique » sans s’adapter au contexte. Toujours la même faiblesse : Synthèse-Analyse-Synthèse! En 1950, c’était bien mais en 2022 ça fait déjà longtemps que cette matrice est dépassée. Il faut changer de siècle.
Une solution : forcer nos politiciens à suivre une formation d’au moins 100 heures sur tous ces thèmes et dispensée par des spécialistes indépendants. Ce texte récent écrit par plusieurs scientifiques d’ici, soulève le point de l’importance de la formation dans le domaine des problèmes environnementaux. Quelques extraits : https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2022-09-19/lutte-contre-la-crise-climatique/s-informer-pour-agir.php.
- Depuis les dernières années, les effets du dérèglement climatique sont évidents et ils deviendront de plus en plus dramatiques si nous ne nous y attaquons pas. Pourtant, les citoyens comme les gouvernements semblent se comporter comme si le problème était accessoire.
- Alors que nous ne sommes qu’à 1,1 °C de réchauffement depuis 1850, de nombreuses catastrophes se produisent déjà régulièrement.
- Il n’y aura pas de cataclysme mondial soudain et il n’y a pas de température avant laquelle tout va bien et après laquelle tout ira mal. Mais si nous continuons de traîner, les ennuis vont continuer de s’aggraver et d’affecter de plus en plus de gens, dans de plus en plus d’endroits, jusqu’à mettre en péril la stabilité économique et la paix mondiale.
- Aussi, même si l’on cessait d’émettre des GES d’un coup, certains impacts du réchauffement ne commenceraient à s’estomper qu’après plusieurs décennies et d’autres, comme la montée des eaux, dureraient plusieurs siècles.
- Il n’y a donc pas de retour en arrière possible pour le climat sur les échelles de temps qui nous concernent. Si on attend que les conditions climatiques soient insupportables pour agir, il sera trop tard pour conserver une planète habitable.
- Alors par où commencer ? L’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques concernent tout le monde et doivent devenir un projet de société.
- Pour que les entreprises et les citoyens réduisent leur empreinte efficacement, que les gouvernements jouent leur rôle de chef d’orchestre comme ils le devraient et que la presse remplisse son rôle de garde-fou, une compréhension fine et systémique du problème est indispensable.
- Il faut donc que chaque acteur s’informe et se forme selon son rôle.
- Voici quelques moyens simples : en participant à un atelier de la Fresque du Climat ou en regardant les chaînes YouTube de LIMIT, du Réveilleur ou de Jean-Marc Jancovici. On peut aussi lire les rapports du GIEC, à commencer par les « résumés pour décideurs » 3, les publications de Valérie Masson-Delmotte, de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, de l’Institut de l’énergie Trottier, entre autres… Par ailleurs, certaines entreprises proposent aussi des formations.
- À l’école et à l’université, il faut des programmes qui couvrent les changements climatiques en profondeur tout en encourageant les étudiants à faire partie du remède. Ces cours doivent former les futurs citoyens à élaborer des solutions propres à leur domaine d’intérêt tout en tenant compte des interactions entre les secteurs.
- Il faut agir dès maintenant, ensemble, intelligemment, et cela passe d’abord par une compréhension du phénomène ; surtout si, pour certains, les solutions ressemblent à des punitions.
Le journaliste économique François Normand dans le Journal Les affaires aborde aussi ce thème. https://www.lesaffaires.com/blogues/dans-la-mire/l-adaptation-climatique-le-dangereux-angle-mort-de-la-campagne-electorale/636056
- Réduire les émissions de GES de manière ambitieuse est ab-so-lu-ment nécessaire pour espérer limiter à terme le réchauffement de la Terre au-delà des 2 degrés Celsius par rapport au début de l’ère industrielle.
- Il faut même être plus ambitieux en termes de cibles, et ce, de Montréal à Beijing en passant par Los Angeles.
- On va se dire les vraies affaires: il est sans doute déjà trop tard pour faire une transition énergétique. Il faut maintenant une révolution énergétique, si nous ne voulons pas que les générations futures vivent sur une Terre de plus en plus inhabitable, à +3 ou +4 degrés Celsius.
Et le stupide argument : « Oui mais on est tellement petit au Québec, le problème est ailleurs » n’a aucun sens. C’est un problème planétaire et raisonner par pays est ridicule. La tornade n’est pas au courant qu’on veut protéger le français et qu’il y a un problème de main d’œuvre ici. Il n’y a pas de passeport obligatoire pour les nuages qui passent nos frontières et notre soleil est très généreux de ses rayons sans qu’on lui envoie une facture d’électricité. https://ericbrassard.ca/le-quebec-la-chine-et-le-charbon-aout-2022/
Bien sûr, ça touchera nos gestes de tous les jours. Il faudra s’adapter. Nos tenants de la liberté vont se laisser aller, c’est sûr.
- « La liberté n’est pas la possibilité de réaliser tous ses caprices; elle est la possibilité de participer à la définition des contraintes qui s’imposeront à tous. » Albert Jacquard
De même, on aura toujours droit aux arguments sans substance : tout cela est bien cute, mais ce n’est pas réaliste. Il faut être pragmatique. L’économie avant la protection des conditions d’habitabilité. C’est impossible de réaliser ces projets. Ça va couter cher (ah ah quelle idiotie! Un prochain texte portera là-dessus). C’est bien pire dans les rues en Indes et en Chine. Et comme disait l’écrivain Pierre Falardeau (qu’on l’aime ou pas… il n’a pas toujours été éloquent) :
- « On va toujours trop loin pour ceux qui ne vont nulle part »
On est géré par des incompétents et on va les réélire. Sûrement de bonnes personnes mais qui ne sont pas à leur place. Oui au vote stratégique le plus possible. Ça va donner quoi que la CAQ ait 91 comtés au lieu de 90 ? On a un rôle à jouer même dans notre petit coin de pays.
- Devant l’inéluctable, chaque personne candidate, quelle que soit sa formation politique, devrait être animée par le devoir moral de faire écho à la science dans les débats à venir, afin de se montrer à la hauteur des défis à relever pour devenir digne de la confiance et des espoirs de la population. https://plus.lapresse.ca/screens/e54e1870-2b7f-4494-8fa8-b2aa9b2cda31%7C_0.html
Un premier ministre devrait avoir la charge du dossier de l’environnement. Cela n’empêche pas d’aborder les autres aspects de la vie mais il faudrait peut-être en parler plus que 18 minutes en 2 heures lors des débats. Pas facile pour un politicien de dire ce qu’il y a à dire. Pas facile de voir plus loin que 4 ans et voir les incidences à long terme des actions. La question environnementale est avant tout une question d’éthique.
Je trouve insupportable de voir de telles photos comme celle ici bas, toujours plus dramatiques à tous les jours, que ce soit en raison des famines, des inondations, des feux ou autres désastres. Que de souffrance pour les humains et tous les êtres vivants. J’ai le cœur en miettes à toutes les fois. Pendant ce temps-là on a de grands projets de société ici : Legault veut rattraper l’Ontario d’ici 15 ans et Duhaime veut augmenter la vitesse à 120 KM/h.
Honte sur nous quand nos enfants et petits-enfants nous jugerons.
Les crises menacent l’avenir de l’humanité et le destin de la planète, alerte l’ONU
Éric Brassard, FCPA, Retraité,
Courriel : [email protected]
Site web : www.ericbrassard.ca
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